Débattre : « discuter avec vivacité et chaleur… »
Je participe volontairement et bénévolement à l‘animation de rencontres du Grand Débat National. C’est apparu comme une évidence. Participer au Grand Débat a un sens pour moi : je pourrais me rendre à certains débats comme participante. J’ai choisi de proposer certaines de mes compétences professionnelles pour soutenir, accompagner, être en appui à ces rencontres de citoyens. J’ai choisi de proposer un cadre à ces réunions, de faciliter l’écoute et l’expression de chacun et de favoriser la co construction dans les échanges. Tous ces objectifs sont un peu ambitieux mais portés par une vraie envie : l’envie d’être là, dans un acte citoyen et avec les autres.
Etre indépendant, neutre et impartial c’est le leitmotiv des médiateurs et il me semble que c’est « la » posture adéquate pour animer ces débats et essayer de leur donner un sens. Pas forcément celui du débat partisan, celui du débat « sensible ». Sensibilité des situations, des sujets, des personnes, des difficultés exprimées. Je crois vraiment que la présence d’animateurs formés à la médiation est un atout pour le déroulement de ces échanges.
Beaucoup d’inconnus à chaque débat : le nombre de personnes, la diversité (ou non) du public, l’adhésion (ou non) au cadre proposé et surtout l’inconnu de l’instant présent.
Les réunions se suivent et ne se ressemblent pas…Certains repartent heureux voir enthousiastes, pour d’autres ces débats sont stériles. Ils ne sont que le reflet des cahiers de doléances, une longue litanie de ce qui ne plait pas, un catalogue de revendications. Peut- être…mais je me satisfaits de voir des hommes et des femmes, se rencontrer, se parler, partager des idées, se confronter, être ensemble, se trouver et se retrouver. Pour moi quel qu’en soit le contenu, c’est aussi ce que ce moment représente qui a du sens. Chacun manifeste et se manifeste. Chacun dit et entend dire.
En tant que médiatrice, je suis là pour essayer de soutenir cette liberté d’expression, pour faire circuler la parole qu’elle soit revendicatrice, force de proposition ou qu’elle constate.
L’exercice est difficile. J’aimerais que les personnes quittent ces débats satisfaites du temps passé et de la qualité des échanges. Mon œil de professionnel s’attache à ce que les hommes et les femmes présents se soient sentis respectés et accueillis dans leur propos, mon cœur de citoyenne veut se féliciter de la possibilité de cette rencontre.
C’est une expérience : et comme toute expérience, il faut la regarder avec un œil critique.
Il y a des choses à améliorer dans l’organisation des débats, dans l’animation et dans la synthèse. Et on peut aussi se dire que nous partageons ensemble cette expérience. J’aimerais que nous restions bienveillants les uns envers les autres, qu’il s’agisse de débattre ou d’animer…Voyons le côté positif des choses et partons d’un apriori positif.
A la suite d’un débat, je me suis posée plusieurs questions…Pourquoi je me sens obligée de faire ça ? Pourquoi je vais jusqu’à me mettre en difficulté parfois dans le cadre de ces débats ? Qu’est-ce que je cherche ?
Je cherche la rencontre, la liberté, la possibilité. J’ai vraiment envie de dire MERCI aux médiateurs qui partagent cette expérience bénévole et aux citoyens qui participent et s’exposent.
FREDERIQUE MOULINIER-FUENTES