« Les opinions opposées dialoguent rarement entre elles. »
Disait le philosophe Bernard Manin dans une publication récente sur la question du débat.
Il faisait le constat que le débat n’est pas une chose naturelle, car nous n’aimons pas nous confronter à des opinions différentes.
C’est véritablement ce que nous constatons en médiation : la difficulté d’amener les personnes à cette confrontation. La peur du conflit, la peur de l’expression des émotions qui émergent de ce conflit, l’appréhension de la rupture qui peut se produire par le désaccord, ou de la mise en danger de ses propres acquis.
Mû par ces inquiétudes, on est tenté d’éviter cette confrontation, et empêcher le débat : l’évocation du politiquement correct sert à disqualifier une opinion différente de la sienne. On refuse le dialogue et la confrontation sur le motif que l’idée de l’autre est choquante, ou mauvaise. On empêche ainsi toute discussion, en diabolisant son adversaire. On le réduit au silence, on le neutralise.
Or pour débattre, il faut « accorder de la considération aux opinions opposées… les entendre, chercher à les comprendre ». Entendre ou comprendre ne signifie pas forcément se rallier à cette position, ou se dédire de ses propres convictions.
L’intérêt du débat c’est de dépasser la dimension individuelle, et se porter sur un enjeu collectif de communauté.
Ainsi la liberté d’expression est nécessaire dans le débat : on peut exprimer sans tabou, ni restriction son opinion, si on sait qu’elle sera écoutée, sans dénigrement, et qu’elle pourra être contredite. Mais si le contenu du propos est sans tabou, et peut tout dire, la forme doit respecter des règles de respect, de clarté des propos, de façon a favoriser les échanges.
Un bon débat, n’est pas un échange où les personnes sont d’accord à son issue, mais un échange dans lequel les personnes sont en mesure de s’écouter et accepter que l’idée de l’autre soit contraire à la sienne.
Venez en parler avec nous lors du prochain Café Médiation jeudi 3 décembre 2020 : lien à l’agenda