L’opposition entre la médiation et la justice

Parmi les freins au développement de la médiation, on peut compter les réticences fortes développées par certains juges sur cette pratique : la médiation est fréquemment opposée au droit.

gérer les conflits
Opposés ou complémentaires?

Est-ce véritablement la question ?

Un tel constat est dressé lors de la  journée d’étude  »Justice : état des savoirs » sur le thème  »Frontières du droit, frontières de la justice » qui a eu lieu le 27 mai 2016 et organisée par le Ministère de la Justice et l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS

Emmanuel Dockès, professeur à l’Université de Paris Ouest Nanterre la Défense, souligne que les modes alternatifs de règlement des litiges ont le plus souvent pour but d’éviter d’aller en justice et que l’apaisement proposé risque de se faire au préjudice de la partie la plus faible dans bien des cas. Continuer la lecture de L’opposition entre la médiation et la justice

La médiation successorale : un solde de tout compte ?

Il y a des situations qui cristallisent autant d’amour que de haine. D’ailleurs la haine n’est-elle pas elle-même une recherche de lien?

maintenir les liens
maintenir les liens

Il y a quelques semaines un article titrait « Cet héritage qui nous a réconcilié », et pourtant beaucoup d’histoires d’héritage tournent autrement.
La médiation successorale a cette particularité de réunir les membres d’une même famille autour d’un même chagrin et de faire apparaître des années de querelles, de questionnements, d’incompréhension ou d’émotions contenues.
Il y a quelque chose de très subtil qui se joue alors : un besoin de reconnaissance autour d’une question d’argent qui est parfois et même souvent le prétexte pour garder ce lien si particulier qu’est le lien familial. Continuer la lecture de La médiation successorale : un solde de tout compte ?

le rire et la relation

Esprit de la médiation, es tu là?

 

prendre le temps
prendre le temps

Elles ne sont pas rares les situations où on se dit qu’une autre façon de se parler améliorerait certainement le quotidien.

Aujourd’hui je me suis retrouvée dans le bus. A l’arrêt, un homme monte un peu trop tard et sa valise se coince dans la porte. Il hurle «  LA PORTE » et une fois installée invective le chauffeur de bus, une femme et lui lance « T’es vraiment une c… ».

C’est comme un coup de poing, un mot injurieux et empreint d’une telle agressivité qu’on peut penser qu’il contient plus que la seule exaspération d’être resté coincé entre les deux portes.

La conductrice demande alors au monsieur de sortir de son bus, et celui-ci feint de ne pas entendre. Continuer la lecture de Esprit de la médiation, es tu là?

Les Médiateurs à la Foire et la médiation de la consommation

Les médiateurs de Lyon étaient, cette année encore, présents à la Foire de Lyon sur un stand MEDIATEURS visible dès l’entrée dans l’espace.

C’était l’occasion de constater à quel point les associations et centres de médiation de Lyon s’entendent bien. En effet, ils étaient tous présents côte à côte pour cette action de promotion de la Médiation avec un grand M. Chacun représentant sa spécificité, les différences de formation, d’affinité, de domaine d’intervention… Quel exemple de concertation et de consensus, dans un lieu qui n’est pourtant pas l’endroit évident pour une rencontre de médiateurs !

stand Médiateurs à la Foire de lyon
stand Médiateurs à la Foire de lyon

Comme les discussions ont pu être animées et diverses en ce qui concernait le sujet d’actualité : la médiation de la consommation.

En effet, la pratique de la médiation à la Foire est le type même de la médiation de la consommation. Et les médiateurs qui sont chargés de régler ces différends entre exposants et clients se trouvaient souvent un peu désorientés, en face d’une personne qui était plus en position de réclamant que de médié, et dans une démarche de négociation plus que de médiation.

Alors : médiation ou pas médiation de la consommation ?

A la réflexion, on peut dire qu’il existe bien une médiation de la consommation. Il ne s’agit pas du traitement de la réclamation comme on l’entend, mais plutôt véritablement la prise en compte et l’amélioration de la Relation. Cette situation mérite une appréhension particulière de la demande et une lecture claire des faits et des objectifs.

Parce qu’il y a deux sortes de situation de consommation : la vente de produits, et la vente de prestation. Et quid de la relation entre les acteurs, dans ces deux cas ?

Tout d’abord, pour la vente d’un produit qui nécessite un accord entre l’acheteur et le vendeur, et qui n’engage pas de relation entre les deux personnes dans la durée, il n’y aura pas de place pour la médiation. En effet, il n’existe pas d’intérêt de renouer ou nouer le lien entre deux personnes qui ont eu intérêt à faire coïncider leurs besoins à un moment qui ne dure pas dans le temps. Nous l’avons entendu à plusieurs reprises, lors de nos visites sur les stands des exposants, et cela ne dépend pas du montant de la transaction : les commerçants préfèrent faire « un geste commercial » en cas de conflit, plutôt que de risquer une mauvaise évaluation de leur produit par le client mécontent…

Ensuite, pour une prestation qui ne dure pas dans le temps, les professionnels ne vont pas engager une médiation : la prestation a été rapide, instantanée. Une fois la prestation accomplie, il n’y aura plus de relation avec le professionnel qui ne reverra plus le client. Cette situation concerne la vente des produits qui ne se renouvellent pas, et pour lequel il n’est pas nécessaire de fidéliser le client. Les professionnels dans ces cas préféreront soit faire « un geste commercial », soit faire appel à un expert qui sera moins coûteux et qui leur permettra de répondre à la contestation.

Mais la médiation de la consommation prend toute sa légitimité pour les professionnels qui opèrent des prestations dans la durée, et dont les chantiers nécessitent un suivi de la relation, et un lien de confiance entre le client et le professionnel.

Elle concerne aussi les professionnels qui ont besoin de fidéliser leur clientèle et ne pas rompre le lien commercial, ceux qui vont renouveler la prestation avec le même client, selon ses besoins. Il s’agit des fournisseurs par exemple.

C’est pour ces situations que la médiation est opportune. En effet, comme on le sait, le processus de médiation est axé sur la construction, ou la reconstruction du lien. Il intervient sur la relation entre les personnes. Ainsi dans ces domaines d’activité, la relation commerciale est importante et doit être préservée, pour le client comme pour le professionnel : soit pour maintenir le lien commercial, soit tout simplement pour mener le chantier à son terme, en dépassant les conflits.

Je suis donc convaincue que dans ce contexte on peut justifier de l’intervention du processus de médiation pour reconstruire la relation et la consolider.

Même si les enjeux et les techniques pour conduire l’entretien ne seront pas les mêmes que dans la médiation familiale.

 Gaëlle WALKER

Les enfants en échec scolaire.

médiateur à lyonOn peut se demander, « Quel rapport avec la médiation familiale » ?
Beaucoup d’enfants sont concernés par la séparation de leurs parents et peuvent se retrouver dans des situations délicates et difficiles.
On peut constater que les centres, les institutions et les écoles spécialisées ne désemplissent pas. Je pense être bien placée pour le savoir car je travaille depuis une vingtaine d’années avec ces enfants-là.
Si les raisons pour lesquelles nos enfants peuvent se trouver en échec scolaire sont multiples, les formes d’accompagnement et de soutien proposés pour les sortir de cette impasse, sont aussi nombreuses. Continuer la lecture de Les enfants en échec scolaire.

La Co médiation : une richesse

 

Certaines situations de médiation impliquent la mise en place d’une Co médiation. Il s’agit alors pour deux médiateurs de travailler ensemble, de réunir deux façons de faire ; deux façons d’observer. Co médier n’implique pas juste d’additionner ses savoirs faire, il faut créer ensemble. C’est la possibilité de travailler en complémentarité  mais c’est aussi une façon de travailler ensemble dans un métier qui a tendance à être solitaire.

Dans quels cas ?

La Co médiation est un choix. Elle peut paraître bénéfique dans les situations où les personnes accueillies sont nombreuses (au-dessus de 4).

La Co médiation peut aussi se mettre en place à un certain moment du processus, lorsque le médiateur se sent submergé par la situation ou s’il a besoin d’un regard extérieur.

Comment travailler à deux ? Continuer la lecture de La Co médiation : une richesse

Diffuser la culture de la médiation

A force de présenter la médiation, et de constater que l’on en parle plus qu’on ne l’expérimente, je me suis posé la question suivante : la médiation n’est -elle pas un OVNI dans les rapports humains tels qu’on les vit aujourd’hui dans notre société.

Et en effet, elle représente un concept que l’on aime bien explorer, s’approprier, et évoquer, mais qui s’applique encore difficilement à nos règles de vie en commun.

Les rapports sociaux sont souvent basés aujourd’hui sur la force ou même sur la contrainte. Les médias, les publicités, les entreprises valorisent La méfiance, et la confrontation, la performance, la victoire de la force. Et l’individu prend le dessus sur la communauté.

Ainsi dans un conflit ouvert, si on évoque l’écoute de l’autre, la compréhension des besoins et la reprise du dialogue, cela parait peu réaliste, et peu adapté au contexte . « Ca ne se passe pas comme ça en réalité ! » me répond-on.

Devant ce constat, la priorité, avant de proposer le recours à une médiation, est de sensibiliser le public à la Culture de la Médiation. Il s’agit de changer de vision des rapports à l’autre : valoriser l’écoute et la confrontation des idées par rapport au passage en force.

C’est-à-dire proposer à chacun de se tourner vers l’autre, de considérer les intérêts de cette personne tout autant que les siens, aux fins de parvenir par soi-même à résoudre ce conflit. C’est pourquoi la médiation tient avant tout de l’engagement des personnes dans cette relation. La Culture de la médiation repose sur la responsabilisation des personnes face à leur relation, et leur difficulté. Elles se sentent impliquées et actives dans la résolution du conflit, et non plus simplement victimes d’un système ou d’un comportement. C’est ce qui permet de conclure des accords pérennes.

Cette démarche n’est pas  forcément motivée par la philanthropie, ou des valeurs morales dictant ce qui est bien ou mal. Elle répond à des besoins très pragmatiques des deux personnes, qui cherchent une solution efficace, et donc acceptable par chacun. Ces personnes seront mues par le désir de sortir de la crise par leur responsabilité.

Adopter la culture de la médiation, c’est :

  • ne plus avoir peur du conflit, en lui faisant face.
  • Reconnaître l’autre,
  • pour l’écouter et être entendu : permettre l’écoute et l’expression,
  • Engager sa volonté
  • Et faire intervenir un tiers neutre, garant de ce nouvel équilibre.

Tout simplement.

Gaëlle WALKER

Voeux 2016

2015 a pris fin… Année troublée et tragique en France et ailleurs dans le monde pour les droits humains et celui en particulier de la liberté d’expression/d’opinion, enfin des libertés plurielles.

Espérons que 2016 soit un peu plus porteuse d’espoirs mais pour l’instant l’actualité journalière n’est pas vraiment optimiste pour les valeurs de tolérance, de respect, d’ouverture à l’autre, d’accueil.

Quel lien avec la médiation ?

Et bien la médiation ou plus précisément les médiations sous toutes leurs formes (familiale, professionnelle, scolaire…) sont un temps de rencontre de l’Autre, d’écoute, d’échange malgré les désaccords, les conflits présents lors des situations exposées par les personnes. Entreprendre une démarche de médiation c’est accepter de « baisser ou de déposer les armes » métaphore un peu guerrière mais qui correspond à certaines situations très conflictuelles où les personnes se retrouvent prises dans une véritable « bataille » judiciaire. Où il faut un gagnant et un perdant et ceci parfois jusqu’à l’épuisement des ressources financières mais également psychologiques.

Tenter une médiation pour stopper l’engrenage ? Accepter enfin d’apprendre à s’écouter, écouter l’autre, se parler, faire part de ses ressentis, de ses besoins, être reconnu et entendu et essayer de retrouver a minima un dialogue pour ne plus s’épuiser dans des conflits sans fin. Accepter que chacun soit « gagnant » dans le respect mutuel et réapprendre à faire des compromis.

Alors pour 2016, souhaitons qu’ici et là chacun puisse prôner l’apaisement et la reconnaissance, l’acceptation de l’Autre. Faisons germer un peu partout l’idée de la « culture de la médiation » et non celle du repli sur soi.

Céline Rogues

Noël !!

En ces fêtes de fin d’année qui approchent, mes pensées divaguent…divaguent vers quoi ? Vers les personnes qui viennent rencontrer un médiateur familial juste avant Noël. Du coup, je m’interroge. Pourquoi maintenant ? Peut-être que Noël n’est pas le meilleur moment ?

En effet, que se passe-t’il à Noël et que représente Noël pour beaucoup de gens ? Pour certains, c’est une occasion importante qui permet à toute la famille d’être enfin réunie. Pour d’autres, c’est une manière supplémentaire de pouvoir pratiquer sa religion et enfin, il y a ceux pour qui c’est le prétexte pour offrir à l’autre un cadeau qui lui fera plaisir. Mais, s’arrêter là serait oublier une autre catégorie de personne pour laquelle Noël ne représente rien ou est une véritable contrainte, voir une souffrance qu’elle n’a pas envie de revivre ou de vivre.

Alors, quel lien je fais avec la médiation familiale et les demandes de médiation qui arrivent subitement en cette fin d’année 2015.

Le point commun que je perçois, entre l’événement de Noël et la médiation familiale me paraît être le mot « FAMILLE ». Oui, la famille interpelle, remue…Ainsi vivre au sein de sa famille ou vivre des relations avec les membres de la famille à laquelle on appartient peut être difficile. Et, voilà Noël qui vient réveiller les vieux démons qui sont mis en sommeil le reste de l’année. Recourir alors à la médiation familiale en cette fin d’année, est peut être un moyen de se dire que l’on peut vivre les relations familiales autrement que dans le conflit, la dispute ou la rupture. Participer à au moins un rendez vous est peut être un temps que l’on se donne pour parler et écouter et pourquoi pas se comprendre. Quelque soit le motif pour aller en médiation, le professionnel ne peut que constater le courage et la volonté des personnes pour essayer de changer les choses. Alors, c’est peut être cela Noël…croire en la magie du lien qui se crée, se réinvente dans le cadre de la médiation.

Bernadette AMBELLIE

Respecter la règle !

Avant d’accuser celui qui ne respecte pas la règle, interrogeons-nous d’abord sur la façon dont a été posée cette règle.

La règle, nous sommes bien d’accord, n’a pas pour objectif d’asseoir notre pouvoir et d’imposer notre vision des choses. Elle a pour but d’organiser la vie en société, de faciliter les rapports entre les personnes et notamment d’assurer leur sécurité . Cela est particulièrement vrai dans la vie familiale : les règles sont là pour répondre au besoin de sécurité de nos enfants, un besoin fondamental à leur développement … elles bornent un cadre, qui, rappelez-vous (voir le cadre) ne doit être ni trop serré ni trop large.

La règle en 5 C !

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