Désormais la médiation s’invite dans tous les domaines : en famille, mais aussi dans les entreprises, dans les relations commerciales, ou les relations de travail.
Face à cet engouement, et cet intérêt grandissant, on constate un phénomène d’improvisation de la pratique, mêlé à l’urgence et à l’enthousiasme.
Il est utile de préciser les fondements d’un tel processus, ce qui fait du médiateur un expert : l’expert de la relation. et la médiation un métier.
En effet, beaucoup de formations fleurissent autour du sujet, laissant croire que ce que l’on qualifie d’ailleurs de technique s’acquiert juste avec quelques heures d’enseignement. Quelques heures de formation aux techniques et aux principes fondamentaux suffiraient. Ainsi un certain nombre de professionnels du droit, de l’accompagnement ou des métiers du secteur social se présentent promptement comme des médiateurs, et proposent à leur clientèle cet outil adapté à leur conflit.
La compétence du Médiateur
C’est un vrai danger pour la médiation, qui outre un processus, une technique acquise dans une formation, est un véritable métier.
La « posture du médiateur »si simple à décrire, est extrêmement complexe à maîtriser, si bien que les médiateurs la remettent en question en permanence. Elle nécessite pour cela une pratique longue, et rigoureuse. Cette expérience à la base de l’expertise du médiateur garantit l’acquisition déterminante des principes fondamentaux de la médiation : l’impartialité, la neutralité, l’indépendance, et la volonté des parties, et enfin la confidentialité.
On constatera que s’il manque l’une de ces composantes, la médiation échouera à coup sûr. Et à l’inverse si le médiateur préserve chacun des éléments structurants, son processus connaîtra un succès quasi évident.
Adopter la posture du médiateur, c’est intégrer l’ensemble de ces principes sans exception.
Et pendant le suivi du processus, à tout moment, le médiateur devra les maintenir, ce qui lui demande un entrainement exigeant, et rigoureux. Tel un sportif de haut niveau, il doit constamment maintenir la performance dans l’écoute, la distanciation, l’impartialité, et les techniques d’entretien spécifiques.
Ainsi au regard de ces exigences professionnelles, de compétence, d’expertise, et de pratique, on peut clairement désigner la médiation comme un métier, et non comme une technique facile à mettre en œuvre, et à improviser.
La pratique de la médiation
La médiation a des atouts extraordinaires et insoupçonnés si elle est pratiquée dans les règles de l’art.
Si elle est un métier, elle peut être pratiquée en complément d’autres savoir-faire et savoir-être, tels que l’expertise juridique, ou l’accompagnement. En effet, certains avocats avec l’expérience savent faire basculer la posture du défenseur vers celle du médiateur. Cela nécessite cependant une modification fondamentale des acquis de l’avocat, et de ses objectifs, qu’il pourra adopter avec l’expérience et la pratique durable de la médiation.
Pour l’apprentissage de la posture du médiateur, le meilleur usage est la co-médiation, qui permet à un médiateur expérimenté d’être accompagné par un jeune médiateur. On ne peut qu’encourager le développement de cette pratique qui garantira l’émergence de médiateurs professionnels et compétents.