Il y a des situations qui cristallisent autant d’amour que de haine. D’ailleurs la haine n’est-elle pas elle-même une recherche de lien?
Il y a quelques semaines un article titrait « Cet héritage qui nous a réconcilié », et pourtant beaucoup d’histoires d’héritage tournent autrement.
La médiation successorale a cette particularité de réunir les membres d’une même famille autour d’un même chagrin et de faire apparaître des années de querelles, de questionnements, d’incompréhension ou d’émotions contenues.
Il y a quelque chose de très subtil qui se joue alors : un besoin de reconnaissance autour d’une question d’argent qui est parfois et même souvent le prétexte pour garder ce lien si particulier qu’est le lien familial.
Il me semble que la médiation successorale se rapproche en bien des points de la médiation familiale. Cette médiation est projetée sur l’avenir.
Elle fait prendre conscience de décisions qui auront une importance dans la vie de chacun et dans la cellule familiale. Des décisions qui se répercuteront sur les générations à venir.
Cette médiation travaille sur le lien. Il ne s’agit pas de se demander pourquoi mais bien comment préserver ce lien, comment rester en relation et comment continuer à faire famille, et ce quelle que soit la définition qu’on donne à ce mot.
La succession permet par cette rencontre plus ou moins forcée, de renouer le dialogue, de libérer la parole et de dire, se dire ce qui a pu peser sur les relations familiales. Il n’est pas toujours question d’argent. Quel que soit le montant en question, il est plus souvent question de reconnaissance, de perception de sa place dans ce cadre familial, de l’importance de cette famille qu’on aime aussi fort qu’on la déteste.
Je trouve très intéressant de mettre en place des médiations dans ce contexte successoral. L’enjeu, celui de la gestion du conflit, comme l’objet, la restauration du lien se trouvent malmenés par un croisement d’émotions et même souvent de générations, qui s’allient ou se désunissent dans un amour-haine au gré des souvenirs et des regrets.
Il y a beaucoup d’espoir dans ces médiations.
Frédérique Moulinier-Fuentes