Dans une salle d’attente, mon oeil accroche un titre de magazine : la «charge mentale du foyer» pèse majoritairement sur les femmes.
La «charge mentale» ? Selon la chercheuse canadienne Nicole Brais, c’est «ce travail de gestion, d’organisation et de planification, qui est à la fois intangible, incontournable et constant, et qui a pour objectifs la satisfaction des besoins de chacun et la bonne marche de la résidence».
Si la répartition des tâches domestiques et parentales tend aujourd’hui à s’équilibrer, cet équilibre s’inscrit dans l’exécution de ces tâches, mais pas en amont, c’est à dire dans l’anticipation, la prévision et l’organisation. Qui est au courant des rendez-vous de médecins, des dates de réunions d’écoles, de vacances ? Qui pense aux inscriptions aux activités sportives, aux affaires que les enfants doivent emporter, au cadeau à faire suite à l’invitation à un anniversaire … ? Les mères en majorité !
Et cette charge mentale est permanente … elle n’a pas de frontières … on l’emmène partout avec soi, et notamment au travail. Les mères ont plus de mal à cliver que les pères … les préoccupations familiales et domestiques ne restent pas à la porte du bureau !
Qu’est ce qui fait que les mères portent autant la charge mentale du foyer ?
Besoin d’être utile ? Besoin d’être indispensable ? Difficulté à déléguer ?
Pour certains chercheurs, cette charge mentale serait un enjeu de pouvoir pour les femmes : garder la main à la maison alors qu’il leur est plus difficile de l’avoir dans le monde du travail.
On peut aussi incriminer la société qui continue à conforter les rôles homme/femme (est ce que l’école appelle le père quand un enfant est malade ?), les médias qui exhortent les femmes à être des superwomen ….
Mais cela me rappelle cette fâcheuse tendance, qu’on observe souvent en début de médiation : rejeter la faute sur les autres … Pourquoi, comme en médiation, ne pas se recentrer sur les personnes concernées et y voir des personnes en capacité d’être acteurs de changement ? Est ce que le mode de fonctionnement de ces couples leur est imposé ? Ne participent-ils pas à sa construction ou à son maintien ? Ne peuvent-ils pas le modifier pour faire en sorte que chacun trouve la place qui lui convienne ?
Il me semble que si ! En passant par un travail commun qui suppose la capacité de chacun à définir les besoins de la famille, les besoins individuels, les tâches ou les soucis récurrents, et élaborer ensemble des solutions.
Bien entendu, ce travail devra s’inscrire dans la durée, et il faudra veiller à faire un point de temps à autre pour s’assurer que l’organisation convient toujours à chacun. Le temps a aussi son importance pour que l’un apprenne à ne plus faire et que l’autre apprenne à faire ! Cela fait appel à la confiance que l’on se fait, à l’acceptation de la différence (ce que l’autre fait ne sera pas fait comme moi je l’aurais fait) et à la prise en compte des enfants, qui au fur et à mesure qu’ils grandissent, doivent être inclus dans la prise en charge des tâches du foyer, afin de les rendre eux aussi autonomes et pleinement responsables.
Florence de WIDERSPACH