Avant d’accuser celui qui ne respecte pas la règle, interrogeons-nous d’abord sur la façon dont a été posée cette règle.
La règle, nous sommes bien d’accord, n’a pas pour objectif d’asseoir notre pouvoir et d’imposer notre vision des choses. Elle a pour but d’organiser la vie en société, de faciliter les rapports entre les personnes et notamment d’assurer leur sécurité . Cela est particulièrement vrai dans la vie familiale : les règles sont là pour répondre au besoin de sécurité de nos enfants, un besoin fondamental à leur développement … elles bornent un cadre, qui, rappelez-vous (voir le cadre) ne doit être ni trop serré ni trop large.
La règle en 5 C !
1er C : Claire – la règle doit être énoncée en termes précis, concis et affirmatifs. Le flou (« pas trop longtemps », « un petit peu », « de temps en temps », « pas trop tard » …) ouvre la terrible brèche de la différence d’interprétation ! La longueur, on le sait, distrait l’attention et fait perdre le message essentiel. Quant à la négation (« Ne faites Pas cela » …), la neuroscience nous prouve que le cerveau l’enregistre mal et à tendance à occulter le « ne …pas ». Par ailleurs, si l’on se réfère à nouveau à nos besoins et notamment celui de liberté, il est beaucoup plus pertinent de se centrer sur ce qu’on PEUT faire plutôt que sur ce qu’on ne PEUT PAS faire. Ainsi dites : « rentre avant minuit » (plutôt que ne rentre pas trop tard), « j’ai besoin de ce dossier demain matin sur mon bureau » (plutôt que ne traine pas sur ce dossier), « dans un quart d’heure » (au lieu de pas trop longtemps) .. etc …
2e C : Connue d’avance. Quand cela est possible, énoncer la règle à l’avance apporte bien des avantages : éviter la réaction et lui préférer l’action (on applique la règle), être plus légitime à l’énoncer, co-responsabiliser la personne (tu connais la règle), économiser de l’énergie (je rappelle juste la règle, sans reproche ni morale !) …
3e C : Cohérente. Elle est respectée par tous (quand c’est une règle commune et doit être réalisable (le contexte et/ou l’entourage doivent permettre de mettre en place la règle et d’atteindre l’objectif poursuivi).
4e C : Constante. La règle ne varie pas en fonction de l’humeur de celui qui la fixe, elle est tenue dans le temps (ce qui ne veut pas dire qu’elle ne peut évoluer si les besoins changent par exemple) et peut, exceptionnellement et dans des conditions très précises, permettre l’exception !
5e C : Conséquences. Le non respect de la règle implique des conséquences naturelles ou logiques, en lien avec l’acte reproché. Les conséquences connues à l’avance permettent de mieux responsabiliser la personne. Et n’oubliez pas, surtout auprès des enfants, de valoriser le respect de la règle (quand ce respect marque un progrès ou un effort) !
Quand une règle n’est pas respectée, il est donc utile d’aller d’abord regarder si un ou plusieurs C ne sont pas à redéfinir avant de s’en prendre à celui qui ne la respecte pas. Si la règle persiste à n’être pas respectée, alors allez voir du côté du 6e C !
6e C : Co-construite ! La règle peut être discutée ensemble. La résolution de problème permet de mieux appréhender la situation : prendre le temps d’écouter ce qui bloque dans l’application de la règle, ce qui ne convient pas puis écouter les besoins de chacun. Faire ensuite un remue-méninge pour trouver des solutions, que chacun exprime, sans commentaires ni jugements. Arrive enfin la dernière phase : le choix de la solution qui convient à chacun et la détermination des éléments concrets pour mettre en place cette solution.
Petit rappel : il peut falloir du temps pour qu’une règle soit respectée ! Le droit à l’erreur existe. Enfin, à l’image du code de la route, ce n’est pas parce qu’on connait les règles qu’on les respecte mais quand la conséquence tombe, on peut certes s’en prendre à celui qui applique la conséquence (« ce policier n’avait rien d’autre à faire ???! »), dans le fond, c’est bien à nous de nous en vouloir !
Florence de Widerspach